“Gli astri benigni di Agostino Chigi”. Le volume de Costanza Barbieri met en lumière les fresques de la Loggia di Galatea (Texte original en français et version italienne).

di Philippe PREVAL

Poursuivant ses travaux précédents, en particulier son étude sur le cycle de fresques de Sebastiano Luciani, qui ne fut appelé Sebastiano del Piombo que 15 ans plus tard, présentant quelques épisodes des Métamorphoses d’Ovide dans la loggia de Galatée à la Villa Farnesina[1], Costanza Barbieri vient de publier un ouvrage qui fera date concernant l’étude de ce programme iconographique majeur.

L’histoire des grands décors profanes peints à fresque est assez facile à établir. Elle commence dans le nord de l’Italie, avec la salle des saisons de Schifanoia à Ferrare et la Camera Pinta de Mantegna à Mantoue, se poursuit à Rome avec les Stanze et les Logge du Vatican et justement, la Farnesina, suit l’essaimage de l’école de Raphael au Palais Té à Mantoue,  à la Villa Pamphilj à Gênes et se termine à Fontainebleau qui n’était alors rien d’autre, artistiquement parlant, qu’une colonie italienne, et au Palais Farnese. Le reste n’est qu’une suite de rebonds qui s’amortissent progressivement. C’est donc une histoire italienne qui dure un peu plus d’un siècle, qui éclaire l’ensemble de l’histoire de l’Art et qui est le fruit du mécénat de quelques chefs d’état ou de familles princières, à une exception près : le marchand et banquier Agostino Chigi.

Costanza Barbieri a le bon goût de lui consacrer le premier chapitre de son livre qui en compte quatre. Fils d’un riche marchand de Sienne, Agostino Chigi, né en 1466, fonda une banque et une maison de commerce qui prospérèrent rapidement. En 1485, il s’installa à Rome. Il obtint en 1501 le monopole de l’exploitation des mines d’alun dans les monts de la Tolfa. Il était sans doute l’homme le plus riche du monde. Il possédait sa propre flotte de commerce, entretenait des relations commerciales avec les principales villes d’Europe, ainsi qu’avec l’empire Ottoman, disposait de 100 succursales et employait 20 000 personnes. Il réussit l’exploit d’être successivement le banquier de souverains pontifes qui ne pouvaient pas se supporter : Alexandre VI, Jules II et Léon X, ainsi que d’innombrables cardinaux. Grandissime mécène et doté d’un goût très sûr, il employa Pérugin, Raphael et son école ; parmi lesquels, Giulio Romano et Giovanni da Udine, Baldassarre Peruzzi, Sebastiano Luciani, futur del Piombo, le Sodoma… Il fut également le protecteur de Pietro Aretino.

En 1506, Il demanda à Baldassare Peruzzi, son compatriote, de dessiner les plans d’une somptueuse et « moderniste » villa, sur la rive étrusque du Tibre, dont la décoration fut exécutée par Peruzzi et Raphaël, qu’il commissionna aussi pour une chapelle à Santa Maria della Pace, et pour sa chapelle funéraire située dans l’église Santa Maria del Popolo. La villa du bord du Tibre, nommée Farnesina, 40 ans plus tard, connut des fêtes somptueuses, et des invités prestigieux comme le pape Léon X.

L’auteure décrit « il Palazzo de Giardino », ainsi qu’était appelée la villa et en souligne la modernité : « uno degli piu innovativi edifici del primo cinquecento ». Elle évoque les transformations subies dont la disparition du décor extérieur, peint par Peruzzi. Elle brosse ensuite l’ensemble de la décoration intérieure qui, comme elle le dit, ne pouvait pas « essere da meno degli splendidi giardini ».

La première pièce décorée fut sans doute la salle de la frise, peut-être le cabinet de travail du maître de maison, ensuite la loggia de Galatée, qui dispose du programme iconographique le plus élaboré et la loge de Psyché qui est mondialement célèbre. Comme le dit l’auteure, ce sont les deux joyaux de la villa qui  fut chantée dès avant son achèvement, en vers néolatins par Egidio Gallo [2], qui en fait une véritable ekphrasis[3] et par Blosio Palladio avec le Suburbanum Augustini Chisii, qui prend comme modèle les Silves de Stace[4] dont on peut reprendre quelques vers qui résument l’enthousiasme du poète:

Eloquar audacter: nec me mea secula fallent:

Hic artes veterumque manus. nec prisca vetustas

Aut tumeat fabris: aut iam sibi plaudat Apelle.

Nam que porticibus, et cuncta per atria fulgent:

Aut vivas pinxisse, aut pietas animasse figuras

Creditur eximius pictor : Qui pene loquentes

Spirantesque dedit natura obstante colores.

Je parlerai hardiment, et mon âge ne m’égarera pas ; voici la main et l’art des anciens. Il ne faut pas non plus laisser l’Antiquité s’enfler grâce à ses artisans, ni maintenant se vanter d’Appele. Car aux choses qui brillent à travers les portiques, par les atriums; on pense que le peintre exceptionnel soit a peint des êtres vivants, soit a animé des personnages peints ; car il donna des couleurs presque parlantes et respirantes, malgré les obstacles de la nature.

Il y a sans doute un peu de flagornerie de la part des deux auteurs, mais il y a aussi chez ces deux hommes de grande culture, le sentiment exaltant d’avoir devant les yeux les peintures et les décors décrits par les auteurs antiques et d’assister, au sens propre du terme, à la résurgence, à la renaissance de la grande civilisation.

L’auteur aborde ensuite le cœur de son sujet qui est la compréhension et l’explication du décor de la loggia de Galatée. Le visiteur pressé admire et mitraille la Galatée de Raphaël ; jette un regard sur le Polyphème de Sebastiano et file vers la loggia de Psyché. S’il levait les yeux, il verrait l’extraordinaire plafond conçu par Peruzzi et peint en collaboration avec Sebastiano. L’auteure donne un schéma très clair de cette composition complexe[5] qui mêle les signes du zodiaque associés à des dieux antiques (Vénus et le capricorne, Apollon et le sagittaire, Hercule terrassant l’hydre et le cancer, …), des putti en grisailles, deux panneaux centraux[6] entourant les armes du propriétaire, représentant, l’un, Persée vainqueur de la Méduse et l’autre, la Renommée, annonçant la gloire terrestre du banquier, les constellations, et huit lunettes représentant des épisodes des métamorphoses associés à un vice. A part ces dernières, réalisées par Sebastiano, tout a été peint par Peruzzi.

Figure 1 Peruzzi, plafond de la Loggia de Galatée
Figure 2 B. Peruzzi, La constellation de l’aurige
Figure 3: B. Peruzzi, Hercule et le lion de Némée, grisailles.

 

L’auteur donne une explication très probante de chacune des scènes et de l’ensemble de la décoration qui, par bien des points (les cadres rapportés par exemple, ou les faux bas-reliefs en grisaille), semble annoncer la galerie des Carrache.

Figure 4: B.Peruzzi: Venus et le capricorne, constellation de la lyre, Apollon et le sagittaire, grisailles, Sebastiano: Junon sur son char.

Elle interprète, en particulier le cycle ovidien peint par Sebastiano, qui fut longtemps un mystère, de façon convaincante en donnant le passage correspondant des Métamorphoses pour chaque épisode, ainsi que le vice auquel il correspond : Térée poursuivant Philomèle et Procné, correspond à la Luxure qui caractérise l’attitude de Térée dès qu’il voit sa belle-sœur, Aglaure et Hersé correspond à la Délation, Dédale et Icare à la Désobéissance, la Sybile de Cumes et Apollon à l’Avidité, Scylla coupant les cheveux de Nisus à l’Impiété, La chute de Perdix, neveu de Dédale, à l’Envie, l’Enlèvement d’Orithye par Borée à la Colère…

L’auteure indique que le cycle constitue une représentation précise et méticuleuse du texte d’Ovide dans la version proposée par le philologue Raffaele Regio. Les fresques de Sebastiano sont aussi un système de signes qui fonctionnent également en relation avec les constellations zodiacales et extra-zodiacales représentées dans la voûte pour créer une représentation de l’horoscope d’Agostino Chigi, avec les « bonnes » étoiles qui veillent sur lui. Dans ce contexte, le récit d’Ovide revêt plus que jamais une « versatilité sémantique » qui est le produit de plus de mille ans d’évolution :

« à côté du sens classique, littéral et moral que lui attribue la tradition chrétienne, il est empreint d’une dimension symbolique et des connotations biographiques spécialement conçues pour refléter et magnifier, comme dans un jeu de miroirs, la personnalité du protagoniste au centre de l’ensemble du décor ».
Figure 5 Sebastiano, La chute d’Icare
Figure 6 Sebastiano, La chute de Perdrix

Les deux fresques les plus connues de la loggia rassemblent des influences littéraires d’une variété considérable : les antiques d’abord[1], la poésie bucolique de Théocrite, Ovide, Philostrate, les Italiens[2] ensuite qui ont réinventé cette thématique, Politien, Pontano

Le troisième chapitre revient sur les trois protagonistes du décor de la loggia de Galatée, dont les parcours sont très différents et étudie leurs rapports de concurrence et d’émulation qui se matérialisent dans le terme italien « paragone ». Le parcours de Raphaël est limpide et naturel, tout est promis dès le plus jeune âge au génie, tout lui est accordé à part une vie longue. Au moment de la conception du décor de la loggia, il est au sommet de son art et de sa puissance de création. S’il n’intervient que pour une seule fresque, celle-ci suffit à emporter la décision s’il y a comparaison. Il aura en revanche, l’entière responsabilité de la pièce suivante, la loggia de Psyché.

Le cheminement de Peruzzi est très particulier, c’est avant tout un architecte, l’architecte de la famille Chigi et leur compatriote. Il est à noter d’ailleurs que Chigi affirme son attachement à sa patrie en lettre capitales, en faisant figurer le mot senese ou simplement SEN à plusieurs reprises. Peruzzi a été l’élève de Bramante et a travaillé avec et sous la responsabilité de Raphaël à plusieurs reprises. Pour réaliser ses fresques il n’hésite pas à puiser à différentes sources : Pinturicchio, Raphaël lui-même, l’antique dont il était tout aussi féru que Raphaël et Mantegna[3]. L’auteure montre en particulier l’influence du Laocoon sur la fresque Hercule et l’hydre[4].

Après la mort de son protecteur Chigi, il travaillera pour la fabrique de Saint Pierre et pour divers chantiers, quittera Rome après le sac à l’occasion duquel, sera emprisonné par les Espagnols et ne parviendra à se libérer qu’en payant une rançon, rejoindra Sienne et sera essentiellement architecte militaire. Rappelé à Rome vers 1535, il sera réintégré comme architecte de la fabrique de Saint-Pierre et concevra deux chefs d’œuvre, la villa de Blosio Palladio au Monte Mario, et surtout le palais Massimo alle Colonne qui le placent parmi les grands architectes du maniérisme.

Sebastiano est un vénitien. Il fut d’abord surnommé Sebastiano Veneziano, il ne s’intègre pas naturellement à l’univers toscan de Peruzzi et Raphael. Costanza Barbieri insiste sur un terme[5] qui saute aux yeux quand on regarde les lunettes qu’il a réalisées : una manera disforme ; le qualificatif est de Vasari qui ne l’aimait pas. L’auteure parle de « stridente contrasto » avec les fresques de Peruzzi. Il est clair que Sebastiano manifeste dans ces réalisations la forte influence de Giorgione et Titien et un dessin très relâché par rapport à celui de Peruzzi et plus encore à celui de Raphaël dont son Polyphème rustique fait pendant et contraste avec la Galatée, symbole de la beauté idéale comme le dit Castiglione[6].

Figure 7: Sebastiano, Polyphème, Raphael, Galatée.

Sur la Galatée, l’auteure cite et commente à juste titre, la lettre célèbre de Raphael à Baldazare Castiglione, qui contient le passage fondateur de l’idéalisme en peinture, dans lequel l’urbinate reprend les principes d’Apelle:

“Della Galatea mi terrei un gran maestro, se vi fossero la metà delle tante cose che Vostra Signoria mi scrive; ma nelle sue parole riconosco l’amore che mi porta, e le dico che, per dipingere una bella, mi bisogneria veder più belle, con questa condizione: che Vostra Signoria si trovasse meco a far scelta del meglio. Ma, essendo carestia e di buoni giudici e di belle donne, io mi servo di certa idea che mi viene nella mente. Se questa ha in sé alcuna eccellenza d’arte, io non so; ben m’affatico di averla.”

Le dernier chapitre est consacré au dévoilement du programme astrologique de la loggia. Comme beaucoup de ses contemporains, Agostino Chigi était un passionné d’astrologie et un lointain disciple de Marcus Manilius. « Son ciel » est le programme de la coupole de sa chapelle funéraire de Santa Maria dell Popolo, conçue par Raphael. Il en va de même pour le plafond de la loggia où l’influence de Marsile Ficin est très présente. L’attitude des néoplatoniciens florentins vis-à-vis de l’astrologie était assez contrastée.

Certains comme Ficin et Pontano en étaient d’ardents partisans, considérant les planètes comme des puissances capables d’influencer le destin des hommes, d’autres avec des arguments tout à fait valables encore aujourd’hui, considéraient, comme Pic de la Mirandole[1], que c’était une pure stupidité de croire que la position d’un astre devant ou à côté de telle constellation un certain jour, pouvait avoir la moindre influence, sur la vie d’un homme ou sur un champ de bataille. Telle n’était pas la pensée de Chigi qui fit concevoir ce décor complexe dont le message est que son destin exceptionnel fut conditionné par des astres favorables et que sa réussite indiscutable fut une faveur du Ciel. C’est ainsi que les deux fresques octogonales qui occupent le centre de la salle, sont de véritables cartes du ciel, le 29 novembre, 1466, jour de sa naissance, et que les constellations, peintes par Peruzzi, agissent comme des antidotes aux vices représentés dans les fresques de Sebastiano.

Fruit d’un travail considérable, ce livre de Costanza Barbieri, d’une érudition remarquable et d’une iconographie soignée permet de comprendre toute l’importance et toute la force de ce monument de l’histoire de l’art qu’est la loggia de Galatée à la Farnesine. Il permet aussi de revenir sur le destin d’un homme extraordinaire, Agostino Chigi et sur un artiste injustement méconnu, Baldassare Peruzzi.

Philippe PREVAL  Paris, 14 Janvier 2024

NOTE

[1] Barbieri, C., Ovid and the Aerial Metamorphoses Painted by Sebastiano del Piombo in the Loggia di Galatea, 2022.
[2] Ami de Bembo, membre du cercle de Léon X, il avait dit d’Agostino quelques années plus tôt : Il n’est personne en effet parmi nos contemporains qui, plus que toi, respecte les gens de lettres, et les comble d’une plus grande munificence ; tu entretiens avec les hommes vertueux une exceptionnelle intimité et tu pratiques l’antique amour des Muses. (Nemo enim est, me hercle, qui uiuant hodie litteratorum te uno obseruantior neque qui illos maiori prosequatur liberalitate, una est apud te uiris. Probis familiaritas atque antiqua Musarum consuetudo.)
[3] p. 22.
[4] L’auteure en donne un long extrait p. 23.
[5] p. 34.
[6] Les étoiles représentées sur ces deux fresques sont celles du ciel de naissance d’Agostino Chigi.
[7] pp. 88-97.
[8] pp. 97-106.
[9] L’auteure indique que Serlio disait de lui qu’il était « consumatissimo nelle antichita » (p. 113).
[10] p. 41.
[11] pp. 134 et seq.
[12] p. 170.
[13] Disputationum in Astrologiam

Versione Italiana

Proseguendo il suo lavoro precedente, in particolare lo studio del ciclo di affreschi di Sebastiano Luciani che si chiamava solo Sebastiano del Piombo, 15 anni dopo, presentando alcuni episodi delle Metamorfosi di Ovidio nella loggia Galatea di Villa Farnesina, Costanza Barbieri ha appena pubblicato un’opera fondamentale riguardante questo importante programma iconografico.
La storia delle grandi decorazioni profane dipinte ad affresco è abbastanza facile da ricostruire. Si comincia al nord con la Sala delle Stagioni di Schifanoia a Ferrara e la Camera Pinta del Mantegna a Mantova, prosegue a Roma con le Stanze e le Logge del Vaticano e appunto, la Farnesina, segue la diffusione della scuola di Raffaello a Palazzo Té di Mantova e a Villa Pamphilj di Genova per concludersi a Fontainebleau che allora non era altro, artisticamente parlando, che una colonia italiana, e a Palazzo Farnese.
 Si tratta in sostanza di una storia italiana, che dura poco più di un secolo, che getta luce sull’intera storia dell’Arte, frutto del mecenatismo di pochi capi di Stato o famiglie principesche, salvo rare eccezioni: ad esempio il mercante e banchiere Agostino Chigi. Il libro inizia con lui. Costanza Barbieri ha il buon gusto di dedicargli un intero capitolo in un volume che ne conta quattro. Figlio di un ricco mercante senese, Agostino Chigi, nato nel 1466, fondò una banca e una casa commerciale che prosperò rapidamente. Nel 1485 si trasferì a Roma. Nel 1501 ottenne il monopolio sullo sfruttamento delle miniere di allume sui monti della Tolfa. Era senza dubbio l’uomo più ricco del mondo. Aveva una propria flotta mercantile, manteneva rapporti commerciali con le principali città d’Europa, nonché con l’Impero Ottomano, aveva 100 filiali e impiegava 20.000 persone. Riuscì nell’impresa di diventare il banchiere di pontefici che non si sopportavano tra loro: Alessandro VI, Giulio II e Leone X, oltre a innumerevoli cardinali. Grande mecenate e dotato di buonissimo gusto, si avvalse del Perugino, di Raffaello e della sua scuola; tra cui Giulio Romano e Giovanni da Udine, Baldassarre Peruzzi, Sebastiano Luciani, futuro del Piombo, il Sodoma… Fu anche protettore di Pietro Aretino. Nel 1506 chiese a Baldassare Peruzzi, suo connazionale, di disegnare una villa sontuosa e “modernista”, sulla sponda etrusca del Tevere, la cui decorazione fu eseguita dal Peruzzi e da Raffaello, al quale commissionò anche una cappella. in Santa Maria della Pace, e per la sua cappella funeraria sita nella chiesa di Santa Maria del Popolo. La villa sulle rive del Tevere, denominata Farnesina 40 anni dopo, visse feste sontuose e accolse ospiti prestigiosi come Papa Leone X.
L’autrice descrive “il Palazzo de Giardino”, come veniva chiamata la villa, e ne sottolinea la modernità: “uno dei più innovativi edifici del primo cinquecento”. Evoca le trasformazioni subite tra cui la scomparsa del decoro esterno, dipinto dal Peruzzi. Descrive poi tutta la decorazione degli interni che, come lei stessa afferma, non poteva “essere da meno degli splendidi giardini”. Il primo ambiente decorato fu senza dubbio la sala del fregio, forse lo studio del padrone di casa, poi la loggia di Galatea, con il programma iconografico più elaborato e la loggia di Psiche, famosa in tutto il mondo. Come sostiene la studiosa, sono questi i due gioielli della villa che fu cantata prima del suo completamento, in versi neolatini, da Egidio Gallo, che ne fa una vera ekphrasis, e da Blosio Palladio con il Suburbanum Augustini Chisii, che prende a modello Silves di Stace da cui possiamo trarre alcuni versi che riassumono l’entusiasmo del poeta:
Eloquar audacter: nec me mea secula fallt: Hic artes veterumque manus. nec prisca vetustas Aut tumeat fabris: aut iam sibi plaudat Apelle. Nome del porticibus e cuncta per atri fulgent: Aut vivas pinxisse, aut pietas animasse figuras Creditur eximius pictor: Qui pene loquentes Spirantesque dedit natura obstante colores. (Parlerò con audacia e la mia età non mi porterà fuori strada; ecco la mano e l’arte degli antichi. Né dovremmo permettere che l’Antichità si espandesse grazie ai suoi artigiani, né dovremmo ora vantarci di Apelle. Poiché alle cose che risplendono attraverso i portici, attraverso gli atri; si ritiene che l’eccezionale pittore abbia dipinto esseri viventi o animato personaggi dipinti; perché regalava colori che quasi parlavano e respiravano, nonostante gli ostacoli della natura).
 C’è indubbiamente un po’ di servilismo da parte dei due autori, ma c’è anche in questi due uomini di grande cultura, la sensazione esaltante di avere davanti agli occhi dipinti e decorazioni descritti da autori antichi testimonianza, in senso letterale del termine, della rinascita della grande civiltà.
La Barbieri affronta poi il cuore del suo tema che è la comprensione e la spiegazione della decorazione della loggia di Galatea. Il visitatore frettoloso ammira e fotografa la Galatea di Raffaello; dà un’occhiata al Polifemo di Sebastiano e si dirige verso la loggia di Psiche. Se alzasse lo sguardo vedrebbe lo straordinario soffitto disegnato dal Peruzzi e dipinto in collaborazione con Sebastiano. L’autore presenta uno schema molto chiaro di questa complessa composizione che unisce i segni dello zodiaco associati agli dei antichi (Venere e Capricorno, Apollo e Sagittario, Ercole che uccide l’Idra e il Cancro, ecc.), putti in grisaglia, due pannelli centrali che circondano gli stemmi del titolare, rappresentanti uno Perseo conquistatore di Medusa e l’altro la Fama, annunciante la gloria terrena del banchiere, le costellazioni, e otto lunette rappresentanti episodi di metamorfosi legati ad un vizio. A parte quest’ultimo, realizzato da Sebastiano, tutto è stato dipinto dal Peruzzi.
L’autrice fornisce una spiegazione molto convincente di ciascuna scena e dell’intera decorazione che, per molti versi (le cornici aggiunte ad esempio, o i finti bassorilievi a grisaglia), sembra annunciare la Galleria dei Carracci. Interpreta in modo convincente, in particolare il ciclo ovidiano dipinto da Sebastiano, rimasto a lungo misterioso, fornendo per ogni episodio il corrispondente brano delle Metamorfosi, nonché il vizio a cui corrisponde: l’episodio di Tereo che insegue Filomela e Procne, richiama alla Lussuria che caratterizza l’atteggiamento di Tereo nei confronti della cognata; Aglauro ed Erse corrispondono al tradimento, Dedalo e Icaro alla Disobbedienza, La Sibilla Cumana e Apollo all’Avidità, Scilla che taglia i capelli di Niso all’Empietà, la caduta di Perdice, nipote di Dedalo, all’Invidia, il rapimento di Orizia da parte di Borea all’Ira…
Il ciclo costituisce una rappresentazione precisa e meticolosa del testo di Ovidio nella versione proposta dal filologo Raffaele Regio. Inoltre gli affreschi di Sebastiano sono in relazione alle costellazioni zodiacali ed extrazodiacali rappresentate nella volta come rappresentazione dell’oroscopo di Agostino Chigi, con le stelle “buone” che lo vigilano. In questo contesto, il racconto di Ovidio assume più che mai una “versatilità semantica” che è il prodotto di più di mille anni di evoluzione: “accanto al significato classico, letterale e morale che gli viene attribuito dalla tradizione cristiana, esso è intriso di una dimensione simbolica e connotati biografici appositamente studiati per riflettere ed esaltare, come in un gioco di specchi, la personalità del protagonista al centro dell’intera ambientazione”.
I due affreschi più noti della loggia raccolgono influenze letterarie di notevole varietà: prima gli antichi, la poesia bucolica di Teocrito, Ovidio, Filostrato, poi gli italiani che reinventarono questo tema, Poliziano, Pontano… Il terzo capitolo ritorna sui tre protagonisti della decorazione della loggia di Galatea, i cui percorsi sono molto diversi, e studia i loro rapporti di competizione ed emulazione che si concretizzano nel termine italiano “paragone”. Il percorso di Raffaello è chiaro e naturale, tutto è permesso al genio fin da giovanissimo, tutto gli è concesso tranne una lunga vita. Al momento di progettare la decorazione della loggia, era all’apice della sua arte e della sua potenza creativa. Se interviene solo per un affresco, questo è sufficiente per decidere in caso di confronto. Avrà invece la piena responsabilità della stanza successiva, la loggia di Psiche. Il percorso di Peruzzi è molto particolare, lui è soprattutto un architetto, l’architetto dei Chigi e loro connazionale. Da notare inoltre che Chigi afferma il suo attaccamento alla patria in maiuscolo, inserendo più volte la parola senese o semplicemente SEN. Peruzzi fu allievo di Bramante e lavorò in diverse occasioni con e sotto la responsabilità di Raffaello. Per realizzare i suoi affreschi non esita ad attingere a diverse fonti: Pinturicchio, lo stesso Raffaello, l’antico di cui era appassionato quanto Raffaello e Mantegna. L’autore mostra in particolare l’influenza del Laocoonte sull’affresco Ercole e l’Idra. Dopo la morte del suo protettore Chigi, lavorò per la fabbrica San Pietro e per vari cantieri, lasciando Roma dopo il sacco, durante il quale fu imprigionato dagli spagnoli e riuscì a liberarsi solo pagando un riscatto, raggiungerà Siena. e sarà essenzialmente un architetto militare. Richiamato a Roma intorno al 1535, fu reintegrato come architetto della fabbrica di San Pietro e progettò due capolavori, la villa di Blosio Palladio a Monte Mario, e soprattutto il palazzo Massimo alle Colonne che lo colloca tra i grandi architetti del manierismo.​
Sebastiano è veneziano. Soprannominato inizialmente Sebastiano Veneziano, non si inseriva con naturalezza nel mondo toscano del Peruzzi e di Raffaello. Costanza Barbieri insiste su un termine che salta all’occhio quando guardi le lunette da lui create: una maniera difforme (l’attributo viene da Vasari). L’autrice parla di “stridente contrasto” con gli affreschi del Peruzzi. È chiaro che Sebastiano manifesta in queste creazioni la forte influenza di Giorgione e Tiziano e un disegno molto rilassato rispetto a quello del Peruzzi e ancor più a quello di Raffaello, di cui il suo rustico Polifemo affianca e contrasta con Galatea, simbolo della bellezza ideale. come dice Castiglione.
Su Galatea, giustamente l’autore cita e commenta la celebre lettera di Raffaello a Baldassarre Castiglione, che contiene il passaggio fondativo dell’idealismo in pittura, in cui l’urbinate riprende i principi di Apelle: ““Della Galatea mi terrei un gran maestro, se vi fossero la metà delle tante cose che Vostra Signoria mi scrive; ma nelle sue parole riconosco l’amore che mi porta, e le dico che, per dipingere una bella, mi bisogneria veder più belle, con questa condizione: che Vostra Signoria si trovasse meco a far scelta del meglio. Ma, essendo carestia e di buoni giudici e di belle donne, io mi servo di certa idea che mi viene nella mente. Se questa ha in sé alcuna eccellenza d’arte, io non so; ben m’affatico di averla.”
L’ultimo capitolo è dedicato allo svelamento del programma astrologico della loggia. Come molti suoi contemporanei, Agostino Chigi era un appassionato di astrologia e un lontano discepolo di Marco Manilio. “Il suo cielo” è il programma per la cupola della sua cappella funeraria di Santa Maria del Popolo, progettata da Raffaello. Lo stesso vale per il soffitto della loggia dove è molto presente l’influenza di Marsilio Ficino. L’atteggiamento dei neoplatonici fiorentini nei confronti dell’astrologia fu piuttosto contrastante. Alcuni, come Ficino e Pontano, ne furono ferventi sostenitori, considerando i pianeti come potenze capaci di influenzare il destino degli uomini, altri con argomenti del tutto validi ancora oggi, ritenevano, come Pico della Mirandola, che fosse pura stupidità credere che la posizione di una stella davanti o accanto ad una determinata costellazione in un determinato giorno potesse avere la minima influenza sulla vita di un uomo o su un campo di battaglia. Non era questo il pensiero di Chigi che fece progettare questo complesso arredo, il cui messaggio è che il suo destino eccezionale era condizionato da astri favorevoli e che il suo indiscutibile successo era un favore del Cielo. È così che i due affreschi ottagonali che occupano il centro della stanza sono vere e proprie mappe del cielo, indicando il 29 novembre 1466, giorno della sua nascita, e le costellazioni che fungono da antidoti ai vizi rappresentati negli affreschi di Sebastiano.
Frutto di un notevole lavoro, questo libro di Costanza Barbieri, di notevole erudizione e attenta iconografia, permette di comprendere tutta l’importanza e la forza di questo monumento nella storia dell’arte che è la loggia di Galatea alla Farnesinea. Ci permette anche di ripercorrere il destino di un uomo straordinario, Agostino Chigi e di un artista ingiustamente trascurato, Baldassare Peruzzi.